Le réseau national des CUMP

Le réseau des CUMP est organisé en différents niveaux de coordination : national, zonal et régional. 
Une CUMP est rattachée à chaque SAMU, dans tous les départements du territoire national.

Nos référents nationaux

        Dr Nathalie PRIETO
        Psychiatre référente Nationale
Psychiatre référente de la CUMP 
de Lyon
     Dr François DUCROCQ
    Psychiatre référent National adjoint
 Psychiatre référent de la CUMP 
de Lille

Historique

La naissance des CUMP remonte à l’attentat du RER Saint-Michel en 1995 à Paris ayant coûté la vie à 8 personnes et fait de nombreux blessés physiques mais aussi psychiques. Les réactions marquées de la multitude de personnes présentes sur les lieux imposent une réflexion gouvernementale quant à la nécessité d’apporter des soins ciblés et précoces aux personnes impliquées dans les situations d'urgence collectives. Le président de la République, Jacques Chirac, missionne le secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence, le Dr Xavier Emmanuelli, en collaboration avec le médecin général, psychiatre et docteur en psychologie, Louis Crocq, de mettre au point un dispositif d’urgence spécialisé pour ces victimes. 
La première circulaire du ministère de la Santé du 28 mai 1997* précise le cadre de l’urgence médico-psychologique : "les catastrophes occasionnent non seulement des blessures physiques mais aussi des blessures psychiques individuelles ou collectives, immédiates ou différées, aiguës ou chroniques. Ces victimes nécessitent des soins d’urgence au même titre que les blessés physiques. L’intervention rapide de médecins psychiatres, de psychologues et d’infirmiers préalablement formés et intégrés aux unités d’aide médicale urgente doit permettre une prise en charge immédiate et post-immédiate. Cette prise en charge doit s’étendre au soutien psychologique des sauveteurs. Elle comprend également un bilan psychologique de chaque mission". 
La circulaire du 20 mai 2003* vient ensuite en définir les modalités de renforcement. Au fil du temps, les CUMP se développent, s’organisent, innovent dans le but d’améliorer la prise en soins des victimes psychiques. Le décret du 7 janvier 2013* a remplacé les circulaires de 1997 et 2003. Elle inscrit les CUMP dans le code de la Santé Publique, décrit une nouvelle organisation zonale sous la tutelle de l’ARS et prévoit la nomination d’un psychiatre référent national. 
Enfin, la dernière instruction N° DGS/VSS2/2017/7 relative à l’organisation de la prise en charge de l’urgence médico-psychologique est parue le 06/01/2017* précisant le rôle et les missions des CUMP ainsi que la place des ARS. 
Plus récemment, l’instruction interministérielle du 15 novembre 2017* porte sur l’articulation de l'intervention des CUMP et des Associations d'Aide aux Victimes (AAV). Elle a pour objectifs de « présenter les bonnes pratiques pouvant permettre une meilleure coordination des interventions des CUMP et des AAV ». 

Organisation et fonctionnement des CUMP

Un découpage zonal, régional et départemental permet un véritable maillage du territoire et une montée en puissance des moyens humains en cas de SSE dépassant les ressources locales. L’ARS veille à ce que chaque établissement de santé siège de SAMU comporte une CUMP dite "CUMP départementale" et s’assure que ce dispositif formé par les CUMP départementales couvre l’ensemble du territoire régional. 
Les CUMP départementales dites "renforcées" sont présentes dans les départements identifiés par l’ARS comme étant des départements "à risque" ou ayant une forte activité d’urgence médico-psychologique. L’ensemble des CUMP départementales et départementales renforcées sont coordonnées par la CUMP régionale référente, elle-même coordonnée par la CUMP zonale de référence. 
Tout ce dispositif s’intègre dans l’organisation du réseau national des CUMP
Chaque CUMP est coordonnée par un psychiatre référent désigné par l’ARS. En l’absence de psychiatre volontaire pour assurer cette fonction, la CUMP peut être coordonnée par un psychologue référent ou un infirmier référent également désigné par l’ARS. 
Le fonctionnement des CUMP repose sur ses personnels permanents et volontaires, tous professionnels de santé mentale (psychiatres, psychologues, infirmiers, cadres de santé). 
Les volontaires sont tous spécifiquement formés (formation initiale et continue) à la psychotraumatologie et à l’urgence médico-psychologique sur la base d’un référentiel national.

Missions des CUMP

La mission première des CUMP est la prise en charge médico-psychologique urgente des blessés psychiques après la survenue d’un événement traumatique collectif. Il s’agit d’une pratique de terrain, en préhospitalier, dont les interventions se pratiquent au plus près de l’événement, en termes de temps et de lieu. 
L’intervention de la CUMP est demandée principalement par le SAMU, parfois par l’ARS, la préfecture mais aussi, et de plus en plus, par des institutions, publiques et privées. 
L’indication d’une intervention, en immédiat ou en post-immédiat est alors posée par le référent de la CUMP après évaluation de la situation. Les CUMP ont également une mission importante de coordination, non seulement avec les autres CUMP, mais aussi avec l’ensemble des acteurs de soins, les autorités administratives et judiciaires sur leur territoire de référence. 
Au-delà de la formation de leurs volontaires, les CUMP assurent également la formation des différents partenaires et tous professionnels amenés à accueillir et prendre en charge les victimes (professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, agents administratifs, établissements scolaires et universitaires…).

Modes d'intervention des CUMP

Les soins psychiques précoces ont été pensés puis théorisés sur les principes de la " psychiatrie de l’avant " pratiquée par les psychiatres militaires lors des conflits armés du début du 20e siècle. Les pratiques, initialement instaurées dans le contexte particulier des interventions miliaires, ont évoluées au fil des décennies et au grès des expériences de terrain. Tandis qu’une certaine confusion existait encore entre les soins immédiats et post-immédiats dans les années 1990, la conceptualisation théorique de ces deux approches complémentaires en deux temps successifs s’est progressivement structurée depuis les années 2000. 
Lors de SSE, la zone d’activité de la CUMP se nomme Poste d’Urgence Medico-Psychologique (PUMP). Implantée dans un espace proche du lieu de l’événement, calme et sécurisé, le PUMP est dédiée à l’accueil des victimes, à l’évaluation des répercussions psychiques et aux premiers soins médico-psychologiques. 

* Les soins immédiats. 
Les objectifs des soins immédiats, qui se pratiquent dans les premières heures sont une première étape essentielle dans le processus de réparation. Il s’agit en premier lieu d’assurer aux impliqués une présence calme, sécurisante et contenante quant au risque de débordement émotionnel. Ces conditions sont nécessaires à la pratique du " defusing " qui ne peut être proposé que si la personne est bien ancrée dans la réalité. Le terme de defusing (" désarmorçage ") qui peut se traduire aussi par " déchoquage émotionnel ", a une fonction cathartique en invitant le sujet à s’exprimer, à verbaliser, mettre en mots son vécu de l’événement, en mettant l’accent sur les émotions ressenties plus que sur les faits. Il s’agit là de favoriser la décharge émotionnelle, réorganiser la parole et les pensées et aider à l’élaboration et l’intégration de l’événement. 
Cette pratique se doit d’être non intrusive, de s’adapter à la singularité de chaque individu et nécessite un délicat équilibre entre « l’aller vers » et ne pas s’imposer au risque d’être délétère. Il s’agit également de repérer les sujets plus "à risque" d’une décompensation psychotraumatique ultérieure. Ce travail de repérage permet de prioriser, comme en médecine d’urgence, les victimes qui nécessiteraient une surveillance particulière, une orientation pour une prise en charge spécialisée, voir une évacuation vers un service d’accueil des urgences. 
Au cours de cet entretien, l’intervenant est amené à donner des informations pratiques sur l’événement en lui-même, les secours, afin de les aider à comprendre ce qu’ils viennent de vivre. L’information porte également sur les manifestations, qu’ils peuvent présenter, les ressentis inhabituels ainsi que sur les éventuels symptômes qui pourraient par la suite. Il est utile et rassurant de leur expliquer la signification de ces manifestations, leur rôle et notamment leur caractère automatique et réflexe. L’information doit être donnée sans atténuer cependant la gravité des faits et de leur retentissement.

* Les soins post-immédiats. 
Les soins post-immédiats sont appelés communément "débriefing" bien que le terme d’Intervention Psychothérapeutique Post-Immédiate (IPPI) soit désormais utilisé pour nommer cette adaptation des débriefings historiques. Les termes utilisés ont toute leur importance car ils reflètent des pratiques bien différentes malgré leur apparence similaire et nourrit nombre de controverses depuis plusieurs années. 
Etape indispensable de la prise en charge des sujets exposés à un événement potentiellement traumatique pour certains, inutile voir délétère pour d’autres, l’absence d’études scientifiques sur le sujet entretien un flou sur la pratique bien que le nombre de publications soit nettement plus important que pour le défusing. Les quelques articles ayant remis en question l’utilité du débriefing voir dénoncer sa dangerosité reflètent une grande hétérogénéité concernant la méthode d’intervention, le niveau de formation des professionnels le pratiquant et jusqu’à la définition même de l’événement traumatique. En effet, avec la " psychiatrie de l’avant " et les principes de Salmon (1917), le débriefing a initialement été pensé comme un " bilan psychologique des missions difficiles " lors duquel les militaires devaient décrire le plus précisément possible leur propre vision des événements, écouter les récits des autres soldats présents et reconstituer la bataille dans l’ordre chronologique et objectif : c’est l’Historical Group Debriefing (Marshall, 1947). L’objectif est alors de remettre de l’ordre dans le psychisme et retourner au front. Le Critical Incident Stress Débriefing (CISD, 1983) quant à lui fut proposé par Mitchell, ancien pompier et psychologue, pour aider les équipes de sauveteurs à davantage contrôler leurs pensées et réactions, avant de partir en intervention et au retour de mission. Le CISD, protocole strict en une séance unique, n’a pas été créé pour des victimes exposées à un événement potentiellement traumatique et c’est pourtant celui que l’on retrouve majoritairement dans la littérature anglo-saxonne portant sur le débriefing. 
Le débriefing francophone diffère du CISD de Mitchell et s’adresse aussi bien aux victimes qu’aux intervenants. Reprenant les principes de la psychiatrie de l’avant il se rapproche davantage de la façon de faire décrite par Sokol, psychiatre de l’armée américaine, qui dans les années 1980 préconisait l’adaptation aux circonstances, encourageant l’expression la plus spontanée possible sans protocole strict. Formalisé par Louis Crocq, psychiatre général des armées, suite aux attentats de Paris en 1985-1986 et à la prise d’otage du vol Alger-Paris en 1994 notamment, le débriefing à la française se veut à la fois préventif de l’installation de symptômes post-traumatiques et thérapeutique en cas d’état de stress aigu (ESA) déjà constitué.
L’IPPI porte sur l’événement dans sa globalité comme un véritable soin psychothérapeutique et se pratique en post-immédiat, c’est-à-dire dans les 48h-72h jusqu’à 15 jours environ, suivant 10 principes élaborés par Louis Crocq. Le cadre est strict et répond à des règles bien précises mais le déroulement est souple, centré sur le vécu subjectif de chacun des participants du groupe. L’IPPI est particulièrement adaptée aux groupes (jusqu’à 15 personnes) et comporte une séance unique. 
Un certain nombre de précautions doivent être prises en amont de la réalisation de l’IPPI et il est primordial que les intervenants soient formés et entrainés à cette pratique. La psychoéducation constitue une part importante de cette intervention. Il s’agit en effet d’informer sur les réactions de stress passées et actuelles, sur les difficultés susceptibles d’apparaître et orienter les sujets présentant des impacts psychotraumatiques manifestes vers des lieux de soins spécialisés.

Innovations des CUMP

Depuis leur création les CUMP n’ont cessé de se développer, de s’organiser et d’innover pour améliorer l’offre de soins aux blessés psychiques. 
En juin 2018, deux outils innovants ayant déjà fait leur preuve lors de SSE ont été formalisés.

☎️ Le PUMP téléphonique national. Alors que des entretiens par téléphone n’étaient pas prévus dans les dispositifs initiaux, il a fallu s’adapter et de se réinventer suite à la survenue de certains événements aux caractéristiques "hors normes". Utilisé par la CUMP de Paris à la suite du tsunami de 2004 et des attentats de 2015, ces entretiens téléphoniques sont apparus comme un outil de soin précieux pour les victimes qui ne pouvaient se rendre aux PUMP mis en place en raison de leur éloignement géographique ou de leurs symptômes.
Fort de ce constat, le Ministère de la Santé a acté la création d’un "PUMP téléphonique national" et en a confié la responsabilité à la CUMP de Paris. Son ouverture régulière depuis 2018 a montré toute la pertinence de cet outil dans des situations pourtant bien différentes.


 ✈️ La Task-Force Médico-Psychologique (TFMP) permet quant à elle de formaliser et encadrer la projection d’une équipe CUMP à l’étranger en cas de SSE impliquant des ressortissants français. Elle est mobilisée à la demande du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
La TFMP regroupe plus de 80 professionnels des CUMP spécifiquement formés. Plusieurs interventions de ce type ont lieu ces dernières années comme lors du crash de l’Ethiopian Airlines (2019) des attentats terroristes au Sri Lanka (2019), de l’explosion à Beyrouth (2020).
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